jeudi 2 août 2012

Reliure et dentelle avec Jérôme Doucet


Récemment, sur un vide grenier en Côtes d’Armor, j’ai trouvé un petit livre qui m’a tout de suite séduite. Sur la page de titre, on peut lire :

Jérôme Doucet

Danses

Compositions de Louis Fuchs

Paris

Société d’éditions littéraires & artistiques

Librairie Paul Ollendorff

50, rue de la Chaussée d’Antin, 50

1901

Editions Méot.



Le livre est dédicacé sur la page de garde par Jérôme Doucet :

A Madame Armand Dayot

Respectueux hommages

de

Jérôme Doucet

La personne en question  était l’épouse de M. Armand Dayot (1851-1934), originaire de Paimpol, qui fut Inspecteur des Beaux-Arts et consacra sa vie à l’art, en tant qu’historien, historien de l’art, critique, directeur de la revue L’Art et les Artistes et organisateur d’expositions. Pour une documentation détaillée, voir le site

Le petit volume est numéroté :

Il a été tiré cent exemplaires sur papier impérial

du Japon, avec une suite de figures sur

papier de Chine.

N° 51

Il est composé d’une suite de doubles pages. Chaque double page comporte sur le premier côté un titre correspondant à un type de danse, les deux pages intérieures présentent un texte que je qualifierais de poésie en prose (rythmes, assonances, allitérations…) tandis que la 4e page porte juste une illustration. Les motifs en doré et blanc, d’une grande finesse, sont de style Art Nouveau.





Jérôme Doucet était  journaliste et homme de lettres (1865-1957) Je vous invite à consulter le lien proposé ci-après  pour une courte  biographie

Pour moi, ce livre sera peut-être une source d’inspiration pour la broderie car je trouve vraiment ses illustrations très jolies. Mais j’en viens à la dentelle comme je l’ai annoncé dans le titre. En effet, la première double page est consacrée à la gavotte (les autres : pavane, sarabande, passepied, gigue, valse, menuet, ronde, rigaudon, farandole, ballet, carmagnole, danse macabre, bourrée et danse de corde). Et en voici le texte :

Le vieux coussin - bourré de crin qui s’effiloche sur ses vieux genoux osseux, pointus – au seuil boiteux de sa maison, la Vieille, assise, de ses doigts noueux, fait éternellement sa dentelle. Le cliquetis jadis si gai, clair gazouillis, bredouille un peu, et les fuseaux comme des os cliquètent tristes, mais les doigts vieux, les doigts ridés, par habitude, savent trouver, prendre, lancer, piquer l’épingle au trou voulu sur le coussin, dont le dessin déchiqueté s’est envolé.

  Et les fuseaux, au bout des fils, marionnettes, dansent, vont, passent et repassent, sautent, gambadent ; et le fil blanc, fil d’Ariane, en ce dédale minutieux – guident la marche. – Et la dentelle se dessine – bien lentement – toute mesquine, étroite et simple – trou-trou d’un sou, pauvre dentelle de rien du tout. Mais les fuseaux, de buis bavard, n’ont jamais vu ni Chantilly, pas plus Venise ni Malines – Bruges pour eux est inconnu – point d’Angleterre est un mystère, et d’Alençon, célèbre point, n’en firent point.

  Bast Alençon ! – dansons, dansons, nous les modestes, les petits, au cliquetis de notre buis, dentelle simple et maigriotte, dansons, dansons – notre gavotte.

C’était un petit clin d’œil aux dentellières !
Pour revenir à la reliure, je me pose la question du traitement à apporter à ce petit ouvrage. Je pense soit le laisser en l’état, soit restaurer le dos en recollant le papier qui est déchiré à quelques petits endroits. Quant aux doubles pages qui le constituent, je ne sais pas si elles étaient solidaires du dos ou si elles étaient « volantes » pourtant il me semble voir des traces de colle. Dans le doute, je suis preneuse de conseils.


2 commentaires:

mousseron a dit…

très joli livre en effet,une belle trouvaille, je te souhaite de belles broderies et salut ton clin d'oeil aux dentellières merci

calamar a dit…

belle trouvaille en effet ! mais si je comprends bien la description, il manque à votre exemplaire les illustrations sur chine.. on ne peut pas tout avoir !
(ceci dit, si vous le vendez, çà pourrait m'intéresser tout de même :))