lundi 27 juin 2016

Quand on apprenait la couture à l'école...


Cours de couture autrefois
Cours de couture Ecole d'Hellemmes, banlieue de Lille fin 19e ou début 20e
Cette image d'une classe de filles pendant un cours de couture évoque pour moi ce que j'ai vécu dans mon enfance en matière d'apprentissage de la couture et de la broderie. J'avais évoqué dans l'article publié sur ce blog  le 27 juin 2015 (Une folie de smocks ) les séances de couture du samedi après-midi, à l'école primaire. Nous apprenions les rudiments de la couture et de la broderie en écoutant de la musique classique.
Par ailleurs, j'ai une petite collection de cahiers de couture et broderie anciens qui me rappellent ce passé et j'ai eu envie de me documenter sur les cours de couture à l'école. Mon intérêt a aussi été suscité par la lecture des deux livres présentés sur ce blog :

"Livre de lecture courante à l'usage des garçons" (7 juillet 2015 Le livre de lecture courante à l'usage des garçons...existe bel et bien)
et "Elise, livre de lecture à l'usage des jeunes filles"(2 juin 2014), livres à propos desquels je faisais part de mes réflexions sur l'éducation des filles et des garçons à savoir que les programmes et manuels scolaires témoignent de l'image et de la place des filles et des garçons dans la société d'une époque.
J'ai cherché sur le net et j'ai trouvé quelques documents intéressants :
Un site qui présente un cahier de travail manuel
Un 2e cahier datant de 1911
Un site qui analyse l'image que je présente en introduction
 Je vous invite à vous y reporter !
                                                          
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Enfin, l'article de M. Joël Lebeaume paru en 1995 dans Spirale , revue de recherches en éducation, m'a particulièrement intéressée. Il s'intitule :
La transformation des travaux d'aiguille en leçons de couture ou la constitution d'un réseau de pratiques scolaires cohérentes.
Dans cet article que vous pouvez lire ici dans son intégralité, l'auteur explique qu'après les années 1880 où l'enseignement est devenu obligatoire, laïque et gratuit,(Lois Jules Ferry) peu à peu les travaux d'aiguille ont été organisés afin qu'ils deviennent un enseignement régulier. A partir de 1923, un inspecteur (Viaud A-J) imagine une méthode raisonnée d'enseignement des activités manuelles. Cet apprentissage doit entrer dans les programmes au même titre que d'autres matières et pour cela, il s'ingénie à le rattacher d'abord à l'éducation physique puis aux mathématiques, aux sciences appliquées et aux arts appliqués. Il précise que le tricot doit être enseigné le mercredi, la couture le samedi après-midi  et il définit même la taille des pièces de tissu sur lesquelles doivent être faits les échantillons de broderie ou de couture. L'enseignement est alors gradué et fera l'objet d'épreuves lors du passage du certificat d'études par exemple.

Mais le savoir enseigné est fondamentalement construit pour contribuer à la formation de la future femme en tant que mère de famille et ménagère.

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Je vous présente quelques manuels scolaires concernant les travaux manuels :
J'ai trouvé dans ces livres des éléments qui confirment les idées de M. Joël Lebeaume :
Manuel scolaire de couture
Manuel qui date de 1935, conforme aux programmes de 1923


Extrait de livre de travaux manuels
Je relève deux éléments intéressants : 1) : le livre est destiné aux scolaires et "à la fillette qui va quitter l'école" et 2) : la "méthode rigoureuse"

 La page suivante (1ère leçon)montre bien cette rigueur :


Le travail manuel des école de filles
Voici un 2e manuel datant de 1938:


L'enseignement ménager, manuel scolaire


 Le titre "Les sciences et l'enseignement ménager" témoigne de la préoccupation de lier cet enseignement aux autres matières notamment scientifiques afin de lui donner une légitimité mais les illustrations de la couverture sont sans équivoque : il s'agit de couture, de tricot, de cuisine, de repassage, bref de la tenue d'une maison.
A titre d'exemple, voici les 3 premières pages de la 3e leçon (5 pages en tout) :


On comprend ici que la leçon d'enseignement ménager est le "prétexte" à amener l'étude de la balance sur le plan scientifique (Ou est-ce le contraire ?!)



Enfin voici un 3ème manuel datant de 1947 :


Aucune équivoque ici non plus : la jeune fille doit apprendre "les notions d'ordre et d'économie qui sont la source du bien-être dans la famille" et il s'agit d'éveiller en elle "le goût de l'ornement discret et développer les qualités de grâce et ce sens de la Beauté qui sont le précieux apanage de la femme"

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