Récemment,
sur un vide grenier en Côtes d’Armor, j’ai trouvé un petit livre qui m’a tout
de suite séduite. Sur la page de titre, on peut lire :
Jérôme
Doucet
Danses
Compositions
de Louis Fuchs
Paris
Société
d’éditions littéraires & artistiques
Librairie
Paul Ollendorff
50,
rue de la Chaussée d’Antin, 50
1901
Editions
Méot.
Le
livre est dédicacé sur la page de garde par Jérôme Doucet :
A
Madame Armand Dayot
Respectueux
hommages
de
Jérôme
Doucet
La personne en question était l’épouse de M. Armand Dayot (1851-1934),
originaire de Paimpol, qui fut Inspecteur des Beaux-Arts et consacra sa vie à
l’art, en tant qu’historien, historien de l’art, critique, directeur de la
revue L’Art et les Artistes et
organisateur d’expositions. Pour une documentation détaillée, voir le site
Le
petit volume est numéroté :
Il
a été tiré cent exemplaires sur papier impérial
du
Japon, avec une suite de figures sur
papier
de Chine.
N°
51
Il est composé d’une suite de doubles pages. Chaque
double page comporte sur le premier côté un titre correspondant à un type de
danse, les deux pages intérieures présentent un texte que je qualifierais de
poésie en prose (rythmes, assonances, allitérations…) tandis que la 4e
page porte juste une illustration. Les motifs en doré et blanc, d’une grande
finesse, sont de style Art Nouveau.
Jérôme Doucet était journaliste et homme de lettres (1865-1957)
Je vous invite à consulter le lien proposé ci-après pour une courte biographie
Pour moi, ce livre sera peut-être une source d’inspiration pour la broderie car je trouve vraiment ses illustrations très jolies. Mais j’en viens à la dentelle comme je l’ai annoncé dans le titre. En effet, la première double page est consacrée à la gavotte (les autres : pavane, sarabande, passepied, gigue, valse, menuet, ronde, rigaudon, farandole, ballet, carmagnole, danse macabre, bourrée et danse de corde). Et en voici le texte :
Le vieux coussin - bourré de
crin qui s’effiloche sur ses vieux genoux osseux, pointus – au seuil boiteux de
sa maison, la Vieille, assise, de ses doigts noueux, fait éternellement sa
dentelle. Le cliquetis jadis si gai, clair gazouillis, bredouille un peu, et
les fuseaux comme des os cliquètent tristes, mais les doigts vieux, les doigts
ridés, par habitude, savent trouver, prendre, lancer, piquer l’épingle au trou
voulu sur le coussin, dont le dessin déchiqueté s’est envolé.
Et les fuseaux, au bout des fils,
marionnettes, dansent, vont, passent et repassent, sautent, gambadent ; et
le fil blanc, fil d’Ariane, en ce dédale minutieux – guident la marche. – Et la
dentelle se dessine – bien lentement – toute mesquine, étroite et simple –
trou-trou d’un sou, pauvre dentelle de rien du tout. Mais les fuseaux, de buis
bavard, n’ont jamais vu ni Chantilly, pas plus Venise ni Malines – Bruges pour
eux est inconnu – point d’Angleterre est un mystère, et d’Alençon, célèbre
point, n’en firent point.
Bast Alençon ! – dansons, dansons, nous
les modestes, les petits, au cliquetis de notre buis, dentelle simple et
maigriotte, dansons, dansons – notre gavotte.
C’était un petit clin d’œil aux dentellières !
Pour revenir à la reliure,
je me pose la question du traitement à apporter à ce petit ouvrage. Je pense
soit le laisser en l’état, soit restaurer le dos en recollant le papier qui est
déchiré à quelques petits endroits. Quant aux doubles pages qui le constituent,
je ne sais pas si elles étaient solidaires du dos ou si elles étaient
« volantes » pourtant il me semble voir des traces de colle. Dans le
doute, je suis preneuse de conseils.
2 commentaires:
très joli livre en effet,une belle trouvaille, je te souhaite de belles broderies et salut ton clin d'oeil aux dentellières merci
belle trouvaille en effet ! mais si je comprends bien la description, il manque à votre exemplaire les illustrations sur chine.. on ne peut pas tout avoir !
(ceci dit, si vous le vendez, çà pourrait m'intéresser tout de même :))
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