Si l'on veut
se renseigner sur ce type de broderie en passant par internet, on ne trouve pas
vraiment de définition. Bien sûr, on trouve des images, des sites ou blogs de
brodeurs et brodeuses qui la pratiquent ou le site de Pascal Jaouen pour son école de broderie. Mais ce qui m'intéressait,
moi, c'était de remonter un peu aux sources et d'en savoir plus. Loin de moi
l'idée d'être exhaustive sur ce sujet et je donnerai d'ailleurs des pistes
bibliographiques qui permettront d'aller plus loin. Mon but est d'éclairer un
peu la question pour ceux et celles qui n'auraient pas le temps ou l'envie de
faire des recherches. J'espère ne pas dire de bêtises dans cet article mais je
suis ouverte à la critique si elle a pour but d'éclairer le sujet !
La tradition
La broderie glazig
s'inscrit dans la tradition de broderie bretonne et plus précisément basse-
bretonne. Chaque petite région ou "pays" a sa coiffe, son costume,
ses broderies, ses motifs, ses couleurs, bref, sa mode. En Basse-Bretagne, on
distingue la mode Bigoudène, la mode Vannetaise et Pourlet, la mode Melenig, la
mode Cornouaillaise et la mode Glazig.
Photo prise au musée de Quimper
A l'origine,
le mot "glazig" signifie "petit bleu" et se réfère à la couleur
bleue du costume masculin de la région de Quimper vers la fin du XIXe siècle. Au
début, les gilets sont brodés d'éléments qui sont tirés de l'art populaire
européen : palmettes, fleurs de lys, cœurs, motifs géométriques auxquels
s'ajoutent peu à peu des motifs végétaux. La courbe est partout présente.
Photo prise au musée de Quimper
La technique
La broderie glazig se caractérise par des couleurs
vives : jaune, orange, vert avec des touches de bleu, de rouge, de
violet, de blanc. On utilise du cordonnet de soie. Les points utilisés sont
surtout le point de chaînette, avec des variantes, le point de feston, le passé
plat et le point de tige.
Parfois, des
motifs de la broderie bigoudène s'invitent sur le costume quimpérois : plumes
de paon, écailles de poisson ou
fougères, témoignant d'échanges entre régions voisines.
Les brodeurs
Autrefois,
la broderie glazig était réalisée par les tailleurs-brodeurs puis par les
brodeurs. Aujourd'hui, la broderie glazig est encore le fait de brodeurs
hommes, notamment pour les costumes régionaux, car il est assez difficile de
tirer l'aiguille dans le tissu de lainage épais des costumes. Toutefois, comme
la broderie bigoudène, cette broderie intéresse les brodeuses soucieuses de
maintenir la tradition, ayant besoin de garder en état les costumes anciens et
d'en créer de nouveaux ou simplement comme moi, curieuses de connaître des
techniques de broderie particulières.
La revue "Micheriou Koz" N°25, intitulée
"Les tailleurs et les brodeurs de costumes bigoudens et glaziks"ainsi que l
e livre
présenté dans l'article sur la broderie bigoudène du 9 août : Broderies en Bretagne présentent les
brodeurs : Viviane Hélias, Cécile Le Roy, Jean-Michel Pérennec, Paul Balbous, Pascal Jaouen,
les confédérations War'l Leur et Kendalc'h qui contribuent tous à la préservation
des broderies et des savoir-faire ou les font évoluer.
Et aujourd'hui...
J'ai l'impression que la broderie glazig , très dynamique, gaie et
fière suscite un grand intérêt auprès des brodeuses, et ce, au-delà de sa Bretagne
natale. Peut-être du fait de son haut caractère décoratif et du fait de son
aspect abstrait qui, à partir de "figures imposées", permet toutes les
inventions.
Je me suis amusée à dessiner une frise que je broderai peut-être. Je vous la montre en comptant sur votre indulgence, mais si elle vous intéresse, vous pouvez bien sûr l'utiliser !
Cet été,
j'ai pu visiter à Quimper l'exposition "Talents conjugués" de Mik Jégou
et Pascal Jaouen. Le premier est peintre, après avoir fait de nombreuses années
de danse et des études d'art graphique.
Le second, connu en tant que brodeur et styliste, a créé des modèles de
broderie glazig, les a exécutés sur toile de lin et Mik Jégou a peint
"autour". J'ai beaucoup aimé leur travail original pour les couleurs
et le mouvement et surtout cette idée d'associer la peinture et la broderie ! Notamment la toile intitulée "Danse au violon bleu".
Pour aller plus loin :
- La broderie en Basse-Bretagne de Geneviève Jouanic et Viviane Hélias, War'l Leur, Editions Jos, 2011.
- La France au fil de l'aiguille, broderies et dentelles : de l'histoire à l'ouvrage de Marie Le Goaziou et Nathalie Bresson, Editions Ouest-France, 2002.
- Broderies en Bretagne de Hélène Cario et Viviane Hélias, Editions Coop Breizh, 2007
- Revue Micheriou Koz N° 25, Les tailleurs et les brodeurs de costumes bigoudens et glaziks, 2010