mercredi 29 août 2012

Une étrange collection : "Les grandes pécheresses"


J'ai trouvé cet été sur un vide grenier dans les Côtes d'Armor quatre volumes d'une collection publiée chez Albin Michel à partir de l'entre-deux guerres.


 "Les grandes pécheresses"

Il s'agit de petits livres (10 x 15,5 cm ) avec une couverture en noir, blanc et vert, les pages intérieures étant bordées de liserés verts. Chaque volume concerne une femme, plus ou moins célèbre, et en donne la biographie.
Voici ceux que j'ai trouvés :
* Madame du Deffand par Gaston Rageot, 1937
* Madame de Maintenon par Georges Girard, 1936
* Mlle de Fontanges par Michel Davet, 1940
* La vraie Dame aux camélias de Marcelle Maurette, 1939


 
 



 
 
Il existe d'autres titres :
 
Jane Daniloff, l'empoisonneuse d'Aïn-Fezza, 1934
La belle Hélène, reine de Sparte, 1935
La Marquise de Courselles, une Manon Lescaut du XVIIe siècle, 1943
Poppée, l'amante de l'Antéchrist, 1935
La Marquise de Custine, la reine des roses, 1945
Madame Récamier, 1935
Julie de Lespinasse, celle qui vécut et mourut d'amour, 1942

Cette collection m'a tout de suite intriguée par son intitulé , "Les grandes pécheresses". En tant que femme, je me suis tout de suite demandé sans grande illusion, s'il existait une collection "les grands pécheurs" ! Pas à ma connaissance, après recherche. Mais enfin, depuis Eve...

Je m'interroge : Grande pécheresse ? Moyenne ou petite pécheresse ?

Ce titre traduit une volonté éditoriale  moralisatrice, d'autant plus qu'il existe chez le même éditeur une collection "Les grandes repenties". On a donc classé les femmes dont il est question en deux catégories : celles qui ne respectent pas la morale judéo-chrétienne (le péché étant une notion religieuse) et celles qui ne l'ont pas respectée mais qui se sont amendées. (notion religieuse de repentir)
Je suppose que cette ligne éditoriale est à replacer dans le contexte historique et qu'aujourd'hui elle ne pourrait plus être suivie. Autre curiosité : pour un certain nombre de titres, l'auteur ou l'éditeur ajoute un sous-titre plutôt racoleur, un peu à l'emporte-pièce, qui n'est pas sans évoquer la littérature dite sentimentale, du genre Harlequin :

Par exemple :
Mlle de Fontanges ou fantaisie sur la grande histoire et sur un petit amour
La vraie Dame aux camélias ou l'amoureuse sans amour
Sophie Arnould, la plus spirituelle des Bacchantes
Mme de Maintenon, celle qui n'a jamais aimé

Tout ceci donne à réfléchir sur le projet éditorial et on pourrait se documenter selon les axes suivants :
- L'édition dans la période de l'entre-deux-guerres : une tendance moralisatrice ?

- Quel a été le succès de la collection ?

- En prenant l'exemple de "Madame du Deffand" (Gaston Rageot), seul volume parmi ceux que je possède à présenter une préface de l'auteur, celui-ci donne-t-il une explication concernant son intention, son point de vue ?
- Le traitement de la biographie de Madame du Deffand par Gaston Rageot montre-t-il une volonté moralisatrice ? Comment se traduit-elle ? (comparaison avec d'autres biographies du même personnage)

Je suis preneuse de pistes bibliographiques et je ferai part ultérieurement de ce que j'aurai trouvé. En attendant ces petits livres m'intéressent  et je pense que je vais les lire et peut-être les relier.


 

 

mercredi 22 août 2012

Les quatre fils Aymon à la Librairie du Donjon

Epilogue en quelque sorte !

Monsieur Erwan Guérin de la Librairie du Donjon a eu l'amabilité de me faire parvenir des photos de son exemplaire des Quatre fils Aymon. J'en profite pour le remercier et je me fais une joie de les mettre en ligne :









Le livre dans sa boîte

                                                              On voit ici que le livre est glissé dans sa couverture
                                                                     



                                                                 La page de titre

 Ci-dessus : les illustrations


 Autre bonne nouvelle : j'ai trouvé le tome un des Quatre fils Aymon qui me manquait : il est plus fatigué que le tome 2. Je ne sais pas encore si je le laisserai en l'état mais je suis contente de pouvoir lire le texte de cette version en entier !









mardi 21 août 2012

Un oiseau en peinture à l'aiguille


Voici une broderie en peinture à l'aiguille réalisée sous la direction de mon professeur il y a quelque temps. Je suis partie d'une photo :

Attention, là, c'est la photo de départ, pas ma broderie !


J'ai réalisé un calque en faisant le choix des détails qui me semblaient significatifs et j'ai ajouté des motifs de fleurs car la branche me paraissait un peu trop nue. J'ai ensuite décalqué mon motif au carbone main. J'ai commencé à broder par la tête car selon mon professeur, si l'oiseau n'était pas expressif, ce n'était pas la peine d'aller plus loin !


Pour moi, le plus difficile a été de broder le dos parce que c'est une assez grande surface et que je m'y suis un peu noyée.


Mon oiseau terminé




Les fleurs ont été faites et refaites car ma première version ne me plaisait pas.

Enfin, voici mon oiseau encadré sous la direction de Catherine Garnier à l'Atelier de l'Oussière.


J'ai eu grand plaisir à broder cet oiseau et de ce fait, le temps de broderie n'a pas été très long (tout est relatif !). Quand je me plais à broder un sujet, je vais vite et cela m'encourage. Quoi qu'il en soit, chaque broderie est un peu une aventure ou un voyage avec des surprises et des aléas et pour utiliser une métaphore marine, il y a des jours où on a le vent dans le dos et des jours où il y a pétole  !!!

mercredi 15 août 2012

Les 4 fils Aymon : une curiosité à Bécherel



         Lors d'un nouveau passage à Bécherel, le village du livre breton, après avoir visité un certain nombre de librairies, je suis entrée à la Librairie du Donjon. Dans la salle de droite en entrant, j'ai tout de suite vu un exemplaire sous vitrine des Quatre fils d'Aymon. J'ai demandé à voir le volume et le libraire me l'a très aimablement montré en me donnant des explications : Il s'agit d'un exemplaire de la Bibliothèque bleue, sans date d'édition, imprimé à Nantes. Sous le coup de la surprise et de l'émotion, je n'ai pas noté le  nom de l'imprimeur. D'autre part j'ai appris qu'il s'agissait d'une édition qui circulait par le biais du colportage. Le livre se présente me semble-t-il sous la forme d'une grosse liasse de feuilles pliées en deux avec une couture rudimentaire. Le livre est placé dans une couverture indépendante sans doute destinée à le protéger et le tout est dans une boîte, couverture et boîte ayant été apportées postérieurement. Le libraire m'a mis le précieux livre dans les mains et je l'ai regardé un peu, très vite, en ayant le temps de voir des illustrations, mais sans approfondir car après tout, j'aurais pu demander à m'asseoir et en profiter davantage. Je n'ai pas osé, peut-être parce que j'ai eu conscience d'être devant une rareté : en 25 ans de métier, le libraire n'a vu passer chez lui qu'un exemplaire de la Bibliothèque bleue ! Cependant ce titre avait de quoi m'intriguer car Les quatre fils d'Aymon  évoquent ma région natale des Ardennes  et sans faire vraiment une collection, je possède déjà deux volumes des Quatre fils Aymon :
  • Les quatre fils Aymon, chanson de geste du XIIe siècle, adaptée par H. Berthaut avec des bois originaux d'Y. Lanore, éditions Lanore, Paris, 1931
Mon exemplaire, avec ci-dessous à droite, la gravure de couverture

    J'ai relié ce volume, guidée par mon professeur, en toile beige, avec du papier à la colle que j'avais fait dans des couleurs de vert foncé sur papier kraft car il me semblait que ces couleurs évoquaient la forêt ardennaise.
  • Les quatre fils Aymon, suivis de Jean de Calais et de Geneviève de Brabant, Tome second, dans la Bibliothèque bleue, Garnier frères, libraires-éditeurs, Paris, (paraît-il 1850).


    Ce deuxième titre, malheureusement un tome second, orphelin, se présente sous forme de livre relié, sans illustrations, couvert d'une toile bleu marine, un peu fatigué au niveau des coiffes mais en bon état et je l'ai laissé tel quel.

La légende des quatre fils Aymon est présente, plus ou moins connue, dans la culture ardennaise comme en témoigne la vidéo ci-dessous :

A l'origine, c'est une chanson de geste qui a eu et a encore un grand retentissement, qui a aussi été le sujet de nombreuses pièces de théâtre. On s'interroge d'ailleurs sur les raisons d'un succès qui ne se dément pas. De la première édition incunable (dérivant d’un manuscrit du XIIe siècle) en 1485 à nos jours, les versions des Quatre Fils Aymon sont plus de 200.

Pour en savoir plus sur les quatre fils Aymon :

·         L'édition de poche (Folio) présente le texte et un dossier intéressant sur le contexte de l'œuvre

·         Il existe une version en ligne du texte dont je possède un exemplaire dans la bibliothèque bleue (voir plus haut) sur ce site

Pour en savoir plus sur la Bibliothèque bleue :

·       Définition de l'Encyclopédie Larousse :
          Cette collection tire son nom du papier bleu qui couvrait des livres de colportage à bon marché, diffusés parmi d'autres marchandises par des colporteurs. Lancée au XVIIe s. par Nicolas Oudot à Troyes, elle a connu jusqu'au milieu du XIXe s. un très grand succès dans toutes les couches de la population, y compris dans les milieux cultivés. Ces livres échappaient en grande partie aux réglementations de l'Ancien Régime. La collection comprenait des almanachs, des manuels de vie pratique ou de piété, des recueils de farces et des œuvres de fiction (Histoire de Robert le Diable, Histoire de Fortunatus). Parmi ces dernières, on remarque la reprise d'anciens romans de chevalerie (les Quatre Fils Aymon) et des contes (Perrault, Mme d'Aulnoy, MmeLe Prince de Beaumont). La « Bibliothèque bleue » a joué un rôle essentiel dans la circulation d'une culture populaire qui allie croyances populaires et thèmes savants, mythes et échos contemporains, moralisme et goût du merveilleux.
·        Un document du CRDP de Reims :

     ·         Deux  livres :

           * La bibliothèque bleue - Littérature de colportage de Lise Andries, Geneviève Bollème,
              Laffont, 2003.
           * La bibliothèque bleue et les littératures de colportage. Actes du colloque organisé par la
              Bibliothèque à vocation régionale de Troyes en collaboration avec l'Ecole nationale des
              Chartes (Troyes, 12-13 novembre 1999) de Elisabeth Parinet, Collectif -
              Thierry  Delcourt, Edition La maison du boulanger, 2000.


·         Un document  de la médiathèque de Troyes

Et plus précisément sur la librairie de colportage sous le second empire :

·         Un article du Bibliomane moderne
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Après avoir eu le plaisir de voir l'exemplaire de la librairie du Donjon, et celui d'approfondir un peu mes connaissances, il me reste à espérer trouver un jour le 1er tome de mon exemplaire.
Et c'est promis si je repasse bientôt par Becherel j'irai voir si le livre est toujours là et je prendrai le temps...










jeudi 9 août 2012

Broderie bretonne, broderie bigoudène


Il y a quelques années, lors de  la Fête des brodeuses de Pont l’Abbé, dans le Finistère, j'avais fait un mini-stage d’initiation à la  broderie bigoudène. C’était un brodeur professionnel, M. Jean-Michel Pérennec qui dispensait cet enseignement. Il s’agissait de broder un set de table dans les couleurs traditionnelles, jaune et orange, en coton perlé et en utilisant des points de broderie variés. Je connaissais certains points : point de chaînette et point de feston. Par contre, lors de ce stage, j’avais appris des points nouveaux, le neudé, le point laouig et le point de deuil.

J’avais lu un livre très intéressant sur la broderie bretonne que je vous recommande : Broderies en Bretagne, de Hélène Cario et Viviane Hélias, Editions Coop Breizh, 2007



 Afin de mémoriser les nouveaux points appris, j’avais réalisé le modèle d’étui à aiguilles qui est proposé dans ce livre :




Récemment, j’ai profité des fêtes de Cornouaille à Quimper pour faire, cette fois, un stage d’initiation au  perlage. Il s’agit d’une technique utilisée pour orner les costumes traditionnels de nombreuses régions de Bretagne. Cette fois le cours était assuré par Mme Odile Le Goïc-Le Guyader dans le cadre de la Confédération War’l Leur. Les stagiaires devaient  réaliser un bouquet en broderie perlée sur velours bordeaux. Les perles pouvaient être argentées ou dorées au choix. Les tiges sont brodées au point avant avec « 3 perles, un espace » les feuilles, soit au point avant avec « une perle, un espace », soit au passé plat. Les fleurs sont réalisées avec du point avant « une perle, un espace », avec du passé plat et du point de tige.
 A première vue, ça ne paraît pas trop difficile, mais comme toujours la qualité de la broderie tient à la régularité. J’imagine qu’il faut beaucoup pratiquer pour l’acquérir car les perles ne se placent pas toujours comme on le voudrait ! Cependant, c’est une broderie qui est assez rapide et qui fait beaucoup d’effet. Cette journée très agréable a été l’occasion d’entendre parler du costume traditionnel breton, de la fête de Cornouaille et  du métier de brodeur. C’était passionnant ! ci-dessous : quelques photos de mon ouvrage.




A noter : les stagiaires étaient  pour la plupart membres de cercles celtiques, désireuses d'apprendre les techniques de la broderie bretonne afin, semble-t-il de réparer ou réaliser des costumes traditionnels. En effet j'ai appris que les costumes anciens ne sont pas utilisés pour la danse traditionnelle parce qu'il faut les préserver. Il est donc nécessaire d'en confectionner pour les manifestations culturelles diverses : défilés, concours de danse bretonne etc.
Je me suis procuré deux livres très éclairants sur la broderie bretonne, publiés tous les deux par la Confédération War’l leur :

La broderie en Basse-Bretagne par Geneviève Jouanic et Viviane Hélias Editions JOS, 2011
Ce livret de 32 pages explique l’origine de cette broderie, les différentes modes correspondant aux différentes contrées de Basse Bretagne, les différents types de broderie et les points utilisés, le tout avec des schémas  et des photographies. C’est un document intéressant pour une première approche.

Cahier de broderie*1* LE NEUDE* La broderie bigoudène par Odile Le Goïc-Le Guyader, édité par la Confédération War’l Leur, 2012

Ce livre présente l’histoire de la Confédération war’l Leur, ses objectifs qui sont essentiellement de préserver le patrimoine de la broderie bigoudène et de transmettre ces techniques de broderie ancestrales. Il présente aussi les motifs bigoudens emblématiques et explique le titre « Neudé ». Suivent 15 modèles très bien expliqués et des pages techniques très claires, avec des explications pour gauchers et droitiers (c’est bien la première fois que je vois cela !) et surtout des croquis en gros plan qui permettent vraiment de se lancer ! L’auteur explique aussi comment commencer et comment terminer un motif ou une aiguillée. Vraiment pour moi qui fréquente de nombreux livres de broderie, je peux dire qu’il est rare de trouver un tel souci d’aider les brodeuses débutantes. D’autres livres suivront paraît-il, sur d’autres techniques.

J’ai également découvert une revue : Micheriou Koz, le magazine des vieux métiers de Bretagne et notamment le N° 25 : Les tailleurs et les brodeurs de costumes bigoudens et glaziks. Cette revue est une mine d’informations et de documents sur les métiers de brodeur et tailleur Je vous la recommande autant que les deux livres présentés ci-dessus.

Pour approfondir le sujet, vous pouvez visiter le Musée de Quimper et également consulter les sites internet suivants :

Sur l'histoire de la broderie bigoudène :
Sur les gilets brodés :
Sur la signification symbolique des motifs de broderie :
Sur les aspects sociologiques de la broderie : (en gros : autrefois, n’importe qui ne pouvait pas commander n’importe quels motifs de broderie, le choix dépendait du rang social) : une vidéo avec Pierre Jakez Hélias :
http://www.ina.fr/fresques/ouest-en-memoire/fiche-media/Region00745/le-pays-bigouden.html?video=Region00745

Ajout du 28 juin 2016 : je viens de découvrir une vidéo de l'INA très intéressante sur le brodeur breton :
http://www.ina.fr/video/RXC00000873/les-brodeurs-du-pays-bigouden-video.html

jeudi 2 août 2012

Reliure et dentelle avec Jérôme Doucet


Récemment, sur un vide grenier en Côtes d’Armor, j’ai trouvé un petit livre qui m’a tout de suite séduite. Sur la page de titre, on peut lire :

Jérôme Doucet

Danses

Compositions de Louis Fuchs

Paris

Société d’éditions littéraires & artistiques

Librairie Paul Ollendorff

50, rue de la Chaussée d’Antin, 50

1901

Editions Méot.



Le livre est dédicacé sur la page de garde par Jérôme Doucet :

A Madame Armand Dayot

Respectueux hommages

de

Jérôme Doucet

La personne en question  était l’épouse de M. Armand Dayot (1851-1934), originaire de Paimpol, qui fut Inspecteur des Beaux-Arts et consacra sa vie à l’art, en tant qu’historien, historien de l’art, critique, directeur de la revue L’Art et les Artistes et organisateur d’expositions. Pour une documentation détaillée, voir le site

Le petit volume est numéroté :

Il a été tiré cent exemplaires sur papier impérial

du Japon, avec une suite de figures sur

papier de Chine.

N° 51

Il est composé d’une suite de doubles pages. Chaque double page comporte sur le premier côté un titre correspondant à un type de danse, les deux pages intérieures présentent un texte que je qualifierais de poésie en prose (rythmes, assonances, allitérations…) tandis que la 4e page porte juste une illustration. Les motifs en doré et blanc, d’une grande finesse, sont de style Art Nouveau.





Jérôme Doucet était  journaliste et homme de lettres (1865-1957) Je vous invite à consulter le lien proposé ci-après  pour une courte  biographie

Pour moi, ce livre sera peut-être une source d’inspiration pour la broderie car je trouve vraiment ses illustrations très jolies. Mais j’en viens à la dentelle comme je l’ai annoncé dans le titre. En effet, la première double page est consacrée à la gavotte (les autres : pavane, sarabande, passepied, gigue, valse, menuet, ronde, rigaudon, farandole, ballet, carmagnole, danse macabre, bourrée et danse de corde). Et en voici le texte :

Le vieux coussin - bourré de crin qui s’effiloche sur ses vieux genoux osseux, pointus – au seuil boiteux de sa maison, la Vieille, assise, de ses doigts noueux, fait éternellement sa dentelle. Le cliquetis jadis si gai, clair gazouillis, bredouille un peu, et les fuseaux comme des os cliquètent tristes, mais les doigts vieux, les doigts ridés, par habitude, savent trouver, prendre, lancer, piquer l’épingle au trou voulu sur le coussin, dont le dessin déchiqueté s’est envolé.

  Et les fuseaux, au bout des fils, marionnettes, dansent, vont, passent et repassent, sautent, gambadent ; et le fil blanc, fil d’Ariane, en ce dédale minutieux – guident la marche. – Et la dentelle se dessine – bien lentement – toute mesquine, étroite et simple – trou-trou d’un sou, pauvre dentelle de rien du tout. Mais les fuseaux, de buis bavard, n’ont jamais vu ni Chantilly, pas plus Venise ni Malines – Bruges pour eux est inconnu – point d’Angleterre est un mystère, et d’Alençon, célèbre point, n’en firent point.

  Bast Alençon ! – dansons, dansons, nous les modestes, les petits, au cliquetis de notre buis, dentelle simple et maigriotte, dansons, dansons – notre gavotte.

C’était un petit clin d’œil aux dentellières !
Pour revenir à la reliure, je me pose la question du traitement à apporter à ce petit ouvrage. Je pense soit le laisser en l’état, soit restaurer le dos en recollant le papier qui est déchiré à quelques petits endroits. Quant aux doubles pages qui le constituent, je ne sais pas si elles étaient solidaires du dos ou si elles étaient « volantes » pourtant il me semble voir des traces de colle. Dans le doute, je suis preneuse de conseils.