lundi 21 décembre 2015

De 2015 en 2016

Citation René Char




"L'impossible, nous ne l'atteignons pas mais il nous sert de lanterne."

René Char

Bon Noël et bonne année 2016 !

mardi 17 novembre 2015

Au plus fort de l'orage...


"Au plus fort de l'orage, il y a toujours un oiseau pour nous rassurer. C'est l'oiseau inconnu. Il chante avant de s'envoler."

René Char

René Char et paysage de bord de Sèvre

mardi 3 novembre 2015

Arabesques* au point d'ombre


 Arabesque (extraits de quelques dictionnaires) :

"L'arabesque est un motif ornemental identifié en Occident au XVe siècle comme caractéristique des Arts de l'Islam et qui se trouve aussi dans d'autres cultures (...)
Ligne sinueuse, jeu de courbes souples, flexibles et de contre-courbes employées dans les arts décoratifs et dans les Beaux-arts de style Art Nouveau à la fin du XIXe et début du XXe à tel point qu'elles en constituent le caractère essentiel.


L'arabesque est constituée d'enroulements végétaux où chaque feuille ou palmette, née de la tige, donne naissance à des rameaux nouveaux qui s'épanouissent selon un ou plusieurs axes de symétrie. Ce décor couvrant obéit à des lois strictes : respect des proportions entre pleins et vides, alternance des courbes en sens contraire et, surtout, unité d'ensemble, qui parfois conduit la stylisation jusqu'à l'abstraction."
                                                                                    *************
Je vous présente aujourd'hui un ouvrage terminé très récemment. J'ai trouvé le modèle dans le livre Impalpable organdi Le point d'ombre, livre réalisé par l'association Magia di Punti aux Editions de Saxe (français et italien).
Impalpable organdi Le point d'ombre

Exemple d'arabesque en point d'ombre
J'ai choisi d'utiliser un lin très fin, transparent, qui était dans mes réserves. Je ne sais plus où je l'avais acheté. J'ai brodé avec du coton à broder spécial blanc DMC N°35 afin d'avoir une densité de points suffisante pour obtenir un aspect blanc, net, sans que l'on voie les passages de fils par transparence. Véritable gageure ! J'ai donc fait de tout petits points.
Jacqueline Jégou Broderie, exemple de réalisation


Petits points d'ombre sur lin transparent
L'ourlet est à jours échelle simples avec en plus une ligne de points carrés à 4 fils de distance.

Exemple d'ourlet


J'ai eu plaisir à broder cet ouvrage délicat. Il ne reste plus qu'à lui trouver une place dans la maison !


jeudi 16 juillet 2015

Broderie italienne : quand la broderie s'inspire de la céramique : "Ricamo estense"


Voici une petite broderie réalisée récemment à partir de la revue Broderie inspiration N° 25 de mai/juin 2012, qui a permis la réalisation d'un "biscornu" ou pelote à épingles ! Le modèle est d'Elisabeth Holzer Spinelli. On travaille sur du lin ivoire à 15 fils au cm, avec du coton perlé N°8 ou 12, du mouliné DMC ou du "coton à broder spécial" en couleurs.

Broderie italienne inspirée de la céramique
Mon ouvrage

Ouvrage de broderie italienne
Réalisation d'un biscornu en broderie  




Ci-dessous, quelques explications extraites de la revue, concernant la technique utilisée  par Elisabeth Holzer Spinelli :  

 Broderies d'Elisabeth Holzer Spinelli



 J'ai découvert il y a quelques semaines son livre intitulé "Ricamo estense" (224p, août 2014, éditeur Nuova S1, langue italienne). Ce livre rassemble des points de broderie très variés qui permettent de faire des tracés, de couvrir des surfaces, de border des parties brodées et même d'ajourer. La particularité de ce livre consiste à combiner entre eux des points simples, afin d'obtenir des sortes de frises ou de galons, le tout étant très décoratif sans présenter de difficulté excessive. Le fait que le livre soit en italien ne gêne pas du tout car les croquis sont très clairs.




En outre l'auteur propose quelques jolies réalisations et il semble possible d'imaginer soi-même des modèles en s'inspirant de céramiques.
En 2009, au salon de Parme, j'avais photographié des broderies de ce type, n'ayant pas réalisé qu'il s'agissait d'une technique spéciale. Mais cela m'avait plu.

Au salon de Parme

Broderies inspirées de la céramique



A partir du livre Ricamo estense, j'ai commencé à tester les points de broderie :
Tests de points de broderie
Après le biscornu, j'ai commencé la réalisation du carnet à aiguille, en adaptant le dessin du "S" à l'initiale "J"; Je propose ce dessin ci-dessous
Carnet à l'aiguille
Voici mon ouvrage commencé. Je le finirai en vacances
Le dessin du J
 
Le modèle extrait du livre

Cette broderie est très agréable à réaliser. De par ses couleurs, elle est très gaie !

Pour en savoir plus :

* un site qui présente la céramiste dont le travail inspire Elisabeth Holzer Spinelli :
http://italian-needlework.blogspot.fr/2010/06/ricamo-estense.html

* un site qui présente son 1er livre
http://www.needlenthread.com/2010/05/estense-embroidery-book-review.html

* un site qui montre des extraits du livre que j'évoque


* un site qui montre des photos de réalisations

 http://annalisaricamo.blogspot.fr/2013/12/il-ricamo-e-le-scienze-nelle-mani.html

N'hésitez pas à faire des commentaires ou à me poser des questions ! J'y répondrai après mon retour de vacances...

mardi 7 juillet 2015


Le "Livre de   lecture courante à l'usage des garçons" ...existe bel et bien !

 


En juin 2014, lorsque j'ai publié l'article "Elise, livre de lecture courante à l'usage des jeunes filles", je m'étais demandé avec une certaine ironie s'il existait un équivalent pour les garçons, et de fait, il en existe un, édité en 1904 ! On peut d'ailleurs le lire dans sa totalité sur le site suivant :


...ou l'acheter sur un des nombreux sites de vente en ligne.

Je supposais que ce livre de lecture pour les garçons devait se donner pour but de forger des garçons conformes à l'idée que l'on se faisait à l'époque de la masculinité. J'avais constaté que le livre de lecture à l'usage des Jeunes filles (édité en 1926) préparait dans l'ensemble des jeunes femmes capables de tenir leur maison, d'élever leurs enfants et de faire le bonheur de leur mari, le tout dans le cadre d'une stricte  moralité(assénée lourdement : tout est prétexte à leçon de morale, 60 maximes sont "illustrées" en 324 pages ). Je me demandais quel pouvait être le contenu d'un livre destiné aux garçons.

Voici la table des matières.
 
 

Après avoir lu les deux livres, il me paraît évident que le monde présenté dans le livre destiné aux garçons diffère totalement de celui dans lequel évoluent les filles. Ce qui saute aux yeux, c'est que la jeune Elise est toujours à l'intérieur de la maison. Elle ne va même pas à l'école puisque l'histoire se situe avant les vacances d'été et qu'elle manque l'école pour aider sa maman qui vient d'accoucher, et ce, avec la bénédiction de la maîtresse qui vient la voir chez elle et en profite pour lui donner une leçon d'économie domestique. Cet épisode est l'occasion de lui apprendre à tenir la maison et la leçon continue dans tout le livre. Tout y passe : la lessive, le repassage, la cuisine, la couture, le raccommodage etc. (C'est d'ailleurs assez savoureux ! par exemple concernant le lavage des cheveux...)

 

 

Quoi qu'il en soit, Elise est confinée à la maison. Page 188, elle part à la campagne et on espère que son horizon va s'élargir. Elle prend le train pour aller chez sa tante. Mais une fois arrivée, sa tante prend le relais de son éducation domestique et là encore, tout se passe à l'intérieur de la maison.

A l'inverse, dans le livre destiné aux garçons, Alain, le héros, est toujours en mouvement, il sort, fait le jardin, va à l'assemblée (foire avec bal), va explorer un souterrain, rencontre ses amis à l'extérieur, part pour le certificat d'études, pour aller à l'école primaire supérieure, pour aller travailler en Lorraine, part en Allemagne à vélo etc. Très tôt dans le livre, il cherche des idées pour son orientation (il n'en est pas question pour Elise, son avenir de ménagère est très évident). Il cherche à inventer une machine pour pomper l'eau de la rivière afin d'arroser son jardin. (Il ne se contente pas comme Elise d'ingurgiter un savoir établi : il va plus loin, réfléchit, mobilise son intelligence). Il fait des études, apprend le métier de mécanicien (ingénieur) et à la mort de son grand-père, il sait que son devoir exige qu'il soit le soutien de sa mère et de sa sœur. Il devient "l'homme de la maison".

Bref, pas de surprise mes suppositions étaient fondées : les manuels scolaires contribuaient (contribuent ? !) à transmettre les choix d'une société, la place de l'homme, celle de la femme... J'ajoute que le livre destiné aux filles a été écrit par une femme : Marie THIERY, et que le livre pour les garçons a été écrit par un homme : Alain REDON. De quoi brouiller les pistes ?

Ne soyons pas mauvaise langue : Le personnage du garçon apprend à coudre un bouton ! Je vous laisse déguster ce morceau de bravoure :


 

 

samedi 27 juin 2015


Une folie de smocks...

Je ne sais plus comment nous avons commencé à parler de smocks, mes amies et moi, mais peu importe, cela m'a donné envie de me documenter et de m'y ré-essayer.
Un peu d'histoire :
 Le mot "smock" est un ancien mot anglais qui signifiait "chemise". Cette technique, apparue en Angleterre d'abord,  s'appliquait sur les larges chemises carrées que les travailleurs ruraux portaient en Angleterre depuis des temps anciens. Le smock a toujours été la manière la plus pratique de ramasser une largeur d'étoffe autour de la poitrine et des poignets, ce qui tenait chaud, tout en offrant la liberté de mouvement indispensable aux bergers, aux bûcherons, aux chaudronniers, aux charrons et aux jardiniers.
 

A l'origine, les smocks se faisaient sur toile solide, verte, bleue, blanche ou noire. Les smocks du dimanche étaient en toile blanche, plus fine. Au début, on travaillait les smocks sans ornements ; puis, petit à petit, les femmes y ajoutèrent quelques points de broderie aux cols, aux poignets et aux épaules. Les motifs symbolisaient souvent le métier des propriétaires de ces vêtements : la roue pour le charron, des grains de blé pour le laboureur, les houlettes croisées pour le berger, les feuilles et les fleurs pour le jardinier. Ces motifs étaient parfois entremêlés des marques d'affection de l'épouse tels que des cœurs.
 
 Les bordures étaient travaillées au point de chaînette, de blé ou d'épine. Puis la révolution industrielle amena des salopettes toutes faites, fabriquées à la machine, mais les smocks ne disparurent pas : on les trouve encore aujourd'hui surtout sur des robes d'enfant. Si vous désirez approfondir la question de l'histoire des smocks, je vous conseille l'excellente page du blog suivant :


Les matériaux :

N'importe quel tissu, depuis la simple toile jusqu'au coton ou à la soie peut être travaillé en smocks à condition qu'il soit assez souple pour être froncé. Le Vichy, les tissus rayés ou à pois sont particulièrement faciles à travailler car les dessins peuvent servir de guide pour le fronçage. On trouve aussi du papier transfert pour les tissus unis ou fleuris genre liberty. Les points, traditionnellement de même couleur que le tissu, peuvent être faits en couleurs contrastantes ou en plusieurs couleurs. On utilise soit du coton retors, soit du coton perlé et même du mouliné en prenant un nombre de fils en fonction de l'épaisseur du tissu.

Les points :

 



 
Je me suis amusée à faire un petit échantillon.

Malgré tous mes efforts, impossible de redresser cette image !

 
 Le travail consiste à passer des fils de fronces à intervalles réguliers, sur plusieurs lignes parallèles sans arrêter les fils en bout de ligne. Quand on a couvert la hauteur voulue, on tire tous les fils de fronce jusqu'à ce qu'on obtienne des plis serrés les uns contre les autres mais en laissant un petit espace d'un demi-millimètre environ pour pouvoir passer l'aiguille à broder. On attache les fils deux par deux. Puis on commence la broderie.
 Quand tout est brodé, on retire les fils de fronces et on a le plaisir de voir que le tissu a une certaine élasticité, que les points de broderie se révèlent, une fois retirés les fils de fronces. Ce procédé permet d'obtenir de l'ampleur sous les smocks et convient bien aux vêtements de bébés qui se trouvent ajustés au niveau de l'empiècement par exemple, tandis que l'ampleur du tissu est libérée sous les smocks.
 
Les smocks à l'école
Je dois dire que je me suis régalée à retrouver cette technique un peu magique qui m'avait été enseignée autrefois en cours de couture à l'école primaire ou dans les premières années du collège, je ne m'en souviens pas clairement. Par contre je me rappelle bien que j'avais aimé ce travail.
A cette époque, je fréquentais l'école primaire de mon village de 500 habitants, école de filles, séparée de celle des garçons, laquelle était carrément dans un autre bâtiment. L'école comptait deux classes : la maternelle et le CP d'une part, et d'autre part, la classe qui groupait les niveaux du CE1 au certificat d'études. Tous les samedis après-midis, nous avions le cours de couture pendant lequel Camille Brichet, notre instit' nous faisait écouter de la musique classique. Au collège, c'était Mademoiselle Duchêne qui donnait ce cours. J'aimais bien cet enseignement. Bref, j'avais appris à faire des smocks... (Voir prochain article sur l'enseignement des travaux manuels à l'école)
Au salon d'Airvault (Deux-Sèvres), 3e salon dentellier, dentelles et broderies, qui a eu lieu les 6 et 7 juin, mes amies et moi avons pu voir une superbe exposition d'ouvrages d'autrefois et notamment de smocks :










 

Pour aller plus loin
Ces dernières semaines, après l'échantillon réalisé sur du tissu à carreaux qui facilite grandement le travail, j'ai entrepris de coudre une robe en taille 10 ans avec une bande de smocks. Ayant choisi du tissu liberty, j'ai utilisé des feuilles de transfert pour imprimer des points espacés régulièrement sur mon tissu afin d'avoir les repères nécessaires pour le passage des fils de fronces. Ci-dessous la référence d'une mercerie qui vend des feuilles de transfert.

J'ai choisi un modèle tiré du livre Les smocks des Editions de Saxe
 



 

Puis j'ai entrepris de réaliser un sac en modifiant un modèle paru dans la revue" Passion couture créative" Hors série N°2 page 22. C'est une création de Dame Valiste.


Le modèle initial comportait un panneau froncé pour le rabat. Je l'ai remplacé par un panneau de smocks.


J'ai réduit la largeur du soufflet à l'aide de 2 pressions aimants

J'ai prévu des poches selon mes besoins
 
 

Quelques petits trucs :

Pour faire des smocks, on utilise un morceau de tissu 3 fois plus large que la dimension finale désirée. Pour moi : rabat de 30cm de large  x 3 = 90cm.

Quand le travail de broderie est terminé et que les fils de fronces sont ôtés, pour donner à l'ouvrage la dimension voulue, on épingle les smocks en les étirant à la bonne dimension sur une planche à repasser en mettant suffisamment d'épingles pour éviter des déformations. On vaporise de l'eau sur le travail et on le laisse sécher complètement. S'il s'agit d'un empiècement de robe dans lequel on doit tailler une emmanchure par exemple, on bloque les smocks en utilisant une matière thermocollante assez fine. Il faut qu'elle puisse être retirée ultérieurement sans difficulté. Pour la petite robe, je l'ai collée sur l'endroit du travail. Les smocks une fois bloqués, il est alors facile de tracer l'emmanchure à l'aide du patron. On surfile à la machine au-delà du tracé et on peut couper. On continue ainsi le travail de couture sans risque d'abimer les smocks.  


Sur le net , j'ai eu l'impression d'un nouvel et important engouement pour les smocks, notamment en Angleterre et aux Etats Unis. On dit que le bébé royal, Georges, aurait relancé la mode (?)


Quoiqu'il en soit, c'est une jolie et agréable technique et je pense qu'elle pourrait être utilisée notamment pour des objets déco, des trousses ou des pochettes... Je conseille le site indiqué ci-dessous où l'on peut voir que les smocks peuvent être brodés de motifs figuratifs. Ce n'est pas ce que je préfère. Quant à moi, je reste attachée aux motifs géométriques.